"You say that i'm a dreamer i'd say you're a non-believer"
Comme
chaque soir avant de sombrer dans l'inconscience, je m'accoude à
la fenêtre. J'inspire profondément, observe la ville
morte. J'ignore encore pourquoi les étoiles sont absentes ; le
fait des réverbères ou bien du nuage chimique qui nous
protège de l'ozone. Je m'attarde sur le sommet d'un arbre,
quasiment dépourvu de tout feuillage, après tout c'est
l'automne. Il s'e tord contre la brise, se laisse assouplir.
Un
bruissement me détourne. Elle est là. Celle que
j'attendais. Comme chaque soir, elle est allongée sur le toit.
Le cylindre qu'elle tient entre ses doigts fins brûle à
sa perte, et elle l'aide à cette fin. Son autre main est
délicatement posée sur sa hanche. Elle la lève
lentement, la suspend un moment. Elle ne cherche pas à
atteindre le ciel mais laisse simplement le sang quitter ce bout
d'elle. Lorsqu'il est engourdi, elle le rabat au-dessus de sa bouille
d'ange. À son habitude. Elle dirige alors ses agates
magnétiques vers moi. Étendue de tout son long, elle me
fixe sans mot dire. Nos maisons adjacentes se confondent maintenant.
Je
voudrais traverser les tuiles, me coucher à ses côtés.
Je caresserais son visage, ferais glisser mes doigts sur sa nuque
étroite, son épaule ronde. Je serrerais fort sa mimine
glacée, à la briser. Sa peau bleue sous les lampes
artifices n'en serait que plus belle ; je goûterais chaque
morceau de ce met, inhabituel colori. Réchauffée, elle
cesserait de trembler, presserait ses ongles sur mes joues mal
rasées. Elle déposerait ses lèvres, puis sa
langue sur mon sourire violacé, lui rendrait sa teinte
d'antan. On s'éveillerait le lendemain face aux
cumulonimbus, malades, vidés, sereins, complets.
Elle
m'interpelle d'un « hé »
nasillard, me demande si j'ai du feu. Je lui balance un briquet, elle
me propose un joint. Je m'approche, prends garde de ne pas m'étaler.
Je m'assois à sa droite. Nous échangeons des banalités
« de quelle école ah oui je connais une je ne vois
pas ». Le pétard fini, elle m'embrasse et me
renverse. Nous baisons et rentrons chez nous.