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Nouvelle vie capillaire - écriture, culture, critiques, nombril
5 janvier 2008

Morceaux choisis

Première soirée

- Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
 
Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d'aise
Ses petits pieds si fins, si fins.
 
- Je regardai, couleur de cire,
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein, - mouche au rosier.
 
- Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un doux rire brutal
Qui s'égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal.
 
Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : " Veux-tu finir ! "
- La première audace permise,
Le rire feignait de punir !
 
- Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux  :
- Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : " Oh ! c'est encor mieux !...
 
Monsieur, j'ai deux mots à te dire... "
- Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D'un bon rire qui voulait bien...
 
- Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.

Arthur Rimbaud


Une minute d'émotion


Tes doigts cliquent-cliquent au téléphone des noms de dieux des noms d’oiseaux des mots simples et des mots savants j’imagine comme nous parolons que tes doigts au travail cliquent-cliquent tirades de grands hommes épitaphes paragraphes à numériser bonne précieuse mémoire formidable tout cela et puis tu m’embrasses je vois tes yeux tes deux mains libres

Valérie Rouzeau


Enivrez-vous

 

Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.

Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.

Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront: "Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise."

Femmes damnées

Charles Baudelaire

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Commentaires
F
Ivre de la poésie que tu publis...Encore encore, jusqu'à en vomir..
Nouvelle vie capillaire - écriture, culture, critiques, nombril
  • J'ai coupé les cheveux de l'enfance et je start a new life. Ici : textes plus ou moins pertinents, avis inutile sur produits culturels, nombrilisme et obsessions. "Welcome to the universe where everybody gets fun".
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