Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Nouvelle vie capillaire - écriture, culture, critiques, nombril
15 septembre 2007

Can you feel a little love ? Dream on, dream on...

Elle déposa des baisers sur ses maxillaires tandis qu'il fixait un horizon. Elle sentait qu'il était ailleurs, que ces tendresses ne l'effleuraient qu'à peine. Elle balladait sa main gauche sur sa nuque, caressait sa chevelure brune, libre et fournie. Stoïque, il ne tressaillait pas. Elle inclina la tête sur son épaule droite et l'entoura de ses bras impuissants, tentative vaine pour le ramener dans ce monde.
Tu es froid.
A priori 37,5 degrés, rien de plus normal.
Il se leva lentement, fermement. Ôta ses vêtements noirs un à un, calmement. Nu, il marcha vers l'écume tranquillement, déterminé. Il avança jusqu'à ce que l'eau lui effleure les épaules puis ne bougea plus. Il sentait les courants mêlés complexe, la faune aquatique noctambule, la lune cruelle de compassion.

Non mais qu'est-ce que tu fous, reviens, elle doit être glaciale!
Aucune importance.
De longues minutes s'écoulèrent. Le silence était de mise. Il se décida enfin à sortir. Il se dirigea vers un rocher plat et s'y assit nonchalemment, ignorant la serviette de coton qu'elle lui tendait. Elle la jeta sur le sable, sans la force nécessaire pour illustrer sa colère. Elle se planta devant lui, qui fixait de nouveau un point lointain, impalpable, invisible. Il était impassible. Elle le gifla de toute son âme puis s'éloigna pour regagner la maison de ses grands-parents. Elle avait un oreiller à inonder et pressa le pas.
Immobile, il esquissa un sourire narquois.
Tu ne m'es rien. Les onces d'effets que tu as pu provoquer jadis sur mon estomac se sont dissipés il y a déjà longtemps. J'ai dû te torturer pour t'en rendre consciente. Tu t'en remettras plus facilement car dorénavant tu me hais. Je conforterai cette idée : que tu me vois dès demain au bras d'une poupée gonflable. Histoire d'être sûr. Je pourrais alors m'en retourner à ces obsessions que tu juges destructrices alors même que tu les comprends pas. Je vivrai dans une dévotion sans limite. Je ne serai pas seul puisqu'ils seront tout pour moi. C'est ça qui est sublime et que tu ne peux admettre : ils ignorent mon existence, la mienne leur est consacrée. Adieu.
Il alluma une cigarette et se rhabilla. Trempé, grelottant et pourtant droit, imperturbable, il rentra chez lui à pied. Il s'enferma dans sa chambre, prit la télécommande et pressa « play » avant de s'écrouler sur son lit moelleux, un sourire béat sur les lèvres.

dg03

 

Nul homme n'est une île

 

Publicité
Commentaires
A
tout simplement énorme !!
Nouvelle vie capillaire - écriture, culture, critiques, nombril
  • J'ai coupé les cheveux de l'enfance et je start a new life. Ici : textes plus ou moins pertinents, avis inutile sur produits culturels, nombrilisme et obsessions. "Welcome to the universe where everybody gets fun".
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité