Mon papa
L'autre soir je me suis souvenue. Cette semaine passée dans la cabine exigüe de mon papounet, à bord du poids lourd qui sillonait les routes des quatre coins de la France, de l'Espagne, de la Belgique.
J'ai vomi dans une station-service un matin où je ne voulais rien avaler.
J'ai entendu des gens faire beaucoup de bruit (pas des plus classes, ni des plus propres) dans les toilettes d'une autre station-service.
J'ai grimacé devant l'assiette de calamars à l'encre commandée par mon géniteur. Des trucs noirs et tout gluants.
J'ai failli gerber encore quand on nous a servi, menu unique, de la tétine de vache. C'était à Metz ou à Auxerre je ne sais plus bien. Papa n'aimait pas non plus le dessert, une tarte à l'abricot. Il déteste les abricots, excepté à leur état originel.
Je l'ai bassiné avec mes idéaux de future présidente de la République : on devrait faire sortir tous les dealers de cannabis et les délinquants juvéniles de prison et leur faire repeindre châteaux d'eau et glissières d'autoroute, en guise de travail d'intérêt général. J'y crois encore. Un peu.
Je me rappelle de ce collègue qui voyageait en compagnie d'une femme en carton, PLV grandeur nature posée à la place du mort. Une blonde il me semble.
Des bons souvenirs. Qui me reviennent quand il me ramène à Trou-sur-Yon le dimanche soir et qu'on écoute les vieux groupes de rock qui lui plaisent toujours.