Le festival du cinéma n° 4
Paranoid park : engelures à l'humeur, brûlure aux cœurs
Au sortir de l'avant-première de Paranoid Park, nouveau méfait de Gus Van Sant, réaction à chaud... ou froid ?
Alex
a la peau lisse des chérubins. Son visage reflète
l'innocence ambiante, capte le peu de lumière, diffuse. On a
froid. Outre l'air conditionné mal réglé,
l'atmosphère du film tend nos chairs gallinacées. On
frissonne sous les assauts du vent marin, l'obscurité glace à
la mœlle. Les rails et les skateboards fracassés contre le
béton de paranoid park offrent aux tympans du strident, de
l'aigü qui transit.
Le
seul baume un peu ardent est Macy. Onguent vif qui frictionne, elle
irradie. Le cadre autour d'elle est chaleureux, cosy. Couleurs
chatoyantes, voix douce et vraies questions. Sans relâche, Alex
noircit des pages jaunies, lui raconte ce qui lui est arrivé :
ses doigts gelés brûleraient presque le papier.
L'incandescence
dans les pupilles de Macy aide la bouille d'ange devenue impassible à
avancer, lui sert d'éclaireur. Unique interlocuteur positif
face aux ternes copain, petite amie, adultes. Halo peut-être
salvateur pour un Alex rongé par le secret.
L'adolescence
et la mort, thèmes chers à Gus Van Sant. Cœurs-foyers
de jeunes confrontés à la froideur cadavérique.
On ressort de la salle tête et palpitant brûlants,
engelures aux pieds.